Les cousines d’outre-Rhin. partie 1

La coiffe noire alsacienne est si reconnaissable, si facilement identifiable, que l’on pourrait la croire unique. Pourtant, un petit coup d’œil de l’autre coté du Rhin permet de constater sa parenté avec celles de l’autre rive.

Une configuration de départ identique

Des deux cotés du Rhin, les coiffes partagent le même schéma de base, à savoir un bonnet surmonté d’un ruban noué en un nœud de dimension variable.

Couple du Hanauerland en 1870

De petite taille dans ses débuts, ce nœud, a pris par endroits un volume et des formes étonnantes, au grand étonnement des voyageurs de l’époque. Tel un certain Victor Hugo visitant en 1839 les régions du Rhin et qui nous en livre un descriptif intéressant:

« Une coiffure étrange qui avait l’air d’un énorme papillon noir posé à plat sur le front… »

La vision d’une alsacienne à grand nœud surgit aussitôt à l’esprit et pourtant, c’est de la coiffe portée à Fribourg en Allemagne qu’il est ici question. Analogie qui n’est pas fortuite puisque des deux cotés du Rhin, les coiffures ont connu un développement similaire avec, parfois, une même tendance au gigantisme.

Un développement à l’horizontale

Alors que la Schlupfkappe alsacienne s’est développée en adoptant un plissé solaire, avec une partie du ruban retombant sur l’arrière de la tête, les coiffes allemandes (Flügelhauben) ont évolué selon un profil horizontal bien spécifique, rejetant vers le haut les pans terminaux du nœud .

 Le Hanauerland

Ce territoire, situé autour de Kehl coté allemand, faisait partie des possessions des comtes de Hanau-Lichtenberg, tout comme son pendant coté français le pays de Hanau, au nord de Strasbourg. Unité historique qui trouve son prolongement naturel à travers les costumes locaux.

Jeunes filles du Hanauerland avec leurs longues nattes dans le dos

 

Dans le Hanauerland, la « Flügelhaube » a développé deux boucles d’un large ruban, rigidifié par des renforts métalliques. Les ailes du nœud, positionnées horizontalement sur le haut de la tête, apparaissent comme une copie inversée de la voisine alsacienne. Ce ruban se termine par de courtes franges.

Coiffe d’Eckartsweier
Musée de Truchtersheim – Maison du Kochersberg
Le bonnet qui sert de support a conservé, lui, une forme proche de celle que l’on peut observer de l’autre côté du Rhin, avec une partie brodée sur la zone arrière du bonnet. Broderie malgré tout plus complexe et plus riche qu’en Alsace puisqu’elle recouvre tout le fond de coiffe.

Le Ried

Plus bas le long du Rhin, la coiffe et surtout son ruban ont adopté une forme étonnante. Le profil est plus anguleux qu’ailleurs, dessinant deux boucles presque carrées sur le haut de la tête avec les deux pans terminaux du ruban retombant sur les joues et les épaules.

Avec sa cousine alsacienne, cette « Kappenschlupf » est sans doute celle qui a connu, au fil du temps, le plus grand développement.

Coiffe de mariage de Meissenheim

Une coiffe préservée

Dans la course au gigantisme, la coiffe du village de Schutterwald peut être vue comme une exception. Elle y est restée de proportion modeste, très proche des origines, avec son ruban de taille moyenne, noué sur un bonnet à couture médiane.

Musée de Haslach – Forêt Noire
Cette conception est quasi identique à celle des coiffes dorées portées en Alsace pendant le 18è siècle, témoignant au passage du vaste ensemble culturel que ces bonnets brodés d’or représentent à travers l’Europe. (voir article sur la coiffe dorée alsacienne en cliquant ici) La position géographique, un peu à part, de Schutterwald peut expliquer que cette coiffe n’ait pas connu un développement identique à celui de ses voisines.

Couple de Schutterthal

Suite de l’article ici : les Cousines d’outre-Rhin – partie 2

Références

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