Les cousines d’outre-Rhin. partie 2

Visitant les régions du Rhin en 1839, Victor Hugo y découvre la coiffe des femmes de Fribourg. Surpris par son aspect, il la décrit comme un « large papillon noir », terme qui en illustre assez justement l’apparence.

Le « papillon noir » de Fribourg

Cette coiffe spécifique du Breisgau (région proche de Fribourg) se présente comme un nœud plat, placé très en avant sur la tête, laissant à découvert le bonnet richement brodé de motifs complexes en fils d’or ou d’argent.

femme de Fribourg en 1903

Le ruban de soie dessine quelques plis solaires sur le milieu avant de se déployer sur un plan horizontal. Il est largement effrangé sur les extrémités, ces franges retombant sur les cotés. Cette « Hörnerkappe » aurait été portée jusque dans les années 1930.

Bonnet de coiffe du Breisgau

 

L’envergure du ruban varie selon les époques et une proximité plus ou moins grande avec la ville de Fribourg. Comme par exemple à Staufen, au sud ouest de Fribourg, où la coiffe affiche une taille plus modeste. Elle n’est pas sans rappeler celle du Marckgräferland proche mais conserve en son milieu les petits plis solaires caractéristiques du Breisgau.

 

 

 

Jeune fille de Staufen

Le Marckgräflerland

Dans la partie sud du pays de Bade, l’évolution de la coiffe s’est faite de manière bien particulière. Identique à l’origine à celle de Fribourg, elle s’est transformée au fil du temps, en faisant totalement disparaître le bonnet servant de support au nœud. C’est donc un assemblage de rubans qui constitue l’ensemble de la coiffe.
Jeune femme du Marckgräferland en 1850

Ce ruban est très largement effrangé sur ses extrémités. Ces longues franges qui retombent sur les épaules donnent aux femmes du Marckgräflerland une silhouette tout à fait typique et aisément reconnaissable.

L’origine de cette coiffe est peut-être à trouver dans la volonté de se démarquer du Breisgau voisin, d’obédience catholique, au contraire du Marckgräflerland protestant.

 

Jeunes femmes du Marckgräferland au début du 20è siècle.

 

La coiffure des jeunes filles se signale par une boucle de ruban plus ou moins longue sur l’arrière de la tête dans laquelle est glissée une longue natte, formée de trois tresses ornées de ruban. Les femmes mariées ne montrant plus leurs cheveux nattés, la boucle de ruban est repliée pour former une sorte de petit calot, retenu par un peigne glissé dans un chignon roulé.

Coiffure de femme mariée.

À droite:  jeune fille portant ses cheveux nattés dans le dos.

 

Femmes du sud du Pays de Bade portant les coiffes du Breisgau et du Marckgräferland. A gauche, la coiffure spécifique aux jeunes filles est bien visible avec la longue natte passée dans une boucle du ruban.

Les nattes à l’allemande

Dans les pays germaniques, il était courant pour les jeunes filles de tresser leurs cheveux en de longues nattes, mêlées de rubans et descendant très bas dans le dos. La tradition en remonte à la fin de l’époque médiévale et s’est conservée jusqu’au 19è siècle.

 

Jeunes gens du Hanauerland.
Jeunes filles du Marckgräflerland
Jeune fille du Breisgau

Naturellement présente dans le pays de Bade, cette disposition capillaire désignait les filles célibataires. Présente en Alsace jusqu’à la fin du 19è siècle, elle ne s’y est pas conservée par la suite, contrairement à ce qui se pratique de nos jours dans certains groupes.

Références

 

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pas encore de commentaires.