Une configuration particulière
La caractéristique principale de ces corselets réside dans leur format court, avec quelques variantes selon les villages.
Plus au nord, il n’y a plus de partie lacée. Le corselet se présente ouvert en pointe jusqu’à la taille, se fermant avec un unique crochet. (pour plus de détails, voir article précédent sur les corselets du pays de Hanau ici).
De belles étoffes
Bon nombre de ces corselets sont taillés dans des étoffes de qualité, satins brochés ou velours façonnés, comme en témoignent les nombreux exemplaires présents dans les collections.
Il n’est pas rare de trouver ces corselets détachés de leur jupe. Les quelques fils de couture que l’on y remarque démontrent comment ils pouvaient être échangés d’un costume à l’autre, en fonction de l’usure des pièces.
Cette pratique profitait aussi aux tenues de travail comme nous l’indique un dessin de Théophile Schuler.Daté de 1859 et annoté par l’artiste, il souligne la présence d’un corselet rouge ″brodé d’argent″ sur le costume d’une paysanne en sabots. Ce qui témoigne d’un degré de qualité tout à fait inattendu pour une tenue réservée au labeur.
Des motifs récurrents
D’inspiration florale pour la plupart, certains motifs textiles se retrouvent d’un corselet à l’autre.
L’un d’eux, très souvent employé, évoque une pivoine épanouie sur un fond de feuillages, accompagnée un semis de fleurs jaunes stylisées. Dans certaines versions, ces motifs jaunes sont tissés avec des fils dorés, donnant un aspect précieux au tissu.
Ce dessin n’est pas sans rappeler celui des rubans fleuris qui ornent le bas de certaines jupes alsaciennes.
Astuces de couture
La manière dont sont travaillés ces tissus indique une grande recherche ornementale.
Il est intéressant d’observer la variété infinie de découpages et ré-assemblages placés sur la partie arrière du corselet pour en accentuer l’aspect décoratif. Les couturières de l’époque ont su déployer des trésors d’inventivité pour, à partir d’un tissu identique, créer une étonnante diversité de motifs et donner à chaque pièce un caractère propre.
Duos en jaune
Deux autres motifs se distinguent également dans les collections et sont facilement identifiables avec leurs dessins floraux se détachant sur un fond jaune.
Très proches d’aspect, ils n’en présentent pas moins quelques différences notables.
L’un, reconnaissable à son quadrillage à ramages noirs, a été représenté par le peintre Camille Pabst dans une composition intitulée ″Noce paysanne en Basse Alsace″, exposée au Salon de Paris en 1875 . Ce qui apporte une précision intéressante quant à sa datation.
Roses et feuillage
Autre tissu à fond jaune, avec un dessin de feuillage et de roses stylisées. Il a été réédité puisqu’il existe en deux versions, avec un positionnement inversé des couleurs au niveau du motif floral.
Il est difficile de savoir à qui revenait le choix des tissus, entre la cliente et la couturière. Celle-ci, gardienne souvent intransigeante des traditions et de l’orthodoxie vestimentaire, veillait au strict respect des codes vestimentaires de chaque communauté villageoise.
Mais il n’est pas interdit de penser que la cliente gardait, dans la mesure de ses moyens, une certaine liberté de choix. Alors, madame, le jaune à ramages ou le noir broché de fleurs ?
Remerciements :
- Musée du Pays de Hanau de Bouxwiller
- Musée des Unterlinden de Colmar
- Musée alsacien de Haguenau
- Musée de Saverne – Palais des Rohan
- ainsi qu’aux collectionneurs privés.
Liens:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ophile_Schuler
https://webmuseo.com/ws/musee-pays-hanau/app/collection/record/73
Oeuvre : Précisions – robe, (MBPH_2002.0.36) | Musée du Pays de Hanau (webmuseo.com)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_Alfred_Pabst
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